Les conduites de marginalisations sociales des adolescents

10/08/2021 20:30

Paroles d’adolescents

L’école :

Stéphanie : « Je suis en 4 ème. J’aime bien l’école pour pas m’ennuyer, pour la récré. Mais le reste … je n’apprends pas pour le plaisir, mais pour mes parents, pour la note. Et quand on se trompe au collège, c’est tant pis pour toi. Et en même temps, quand c’est pas noté, je ne révise pas. Au premier trimestre, j’ai eu trois rapports de discipline. A la prochaine connerie, c’est conseil de discipline, je suis virée définitivement du collège. Dans un sens, c’est normal. Mais je trouve que les profs sont souvent injustes. » (Le nouvel Observateur N° 1795 du 1 au 7 avril 1999, « paroles de petits frères »)

   Iliès : « Je redouble ma 5ème. J’essaie de travailler mieux. A partir de 13 ans, tout change dans la tête. Maintenant, on est grand, il faut réfléchir. L’école, c’est très important. Surtout maintenant où même avec le bac on peut se retrouver au chômage. Il faut travailler, sinon, quand on va grandir, on va se retrouver à la rue et on va regretter (…) à l’école, on ne nous laisse pas deux chances : Si tu ne sais pas ta poésie, si tu récites mal, t’as 5. C’est comme si les profs nous voulaient du mal. D’un côté ils ont raison, mais il faudrait qu’ils nous comprennent, qu’ils sachent un peu comment on vit. Moi, je n’ai personne pour m’aider à la maison, des fois ça me décourage. Et encore, je suis grand. Quand j’étais au primaire et que la prof me disait : - demande  à ta mère de te faire réviser -, j’avais honte. Au fond de moi, j’avais mal au cœur, je n’osais pas dire que ma mère ne savait pas lire et que c’est moi qui faisais le courrier. Quand je rentrais chez moi, je ne disais rien, je prenais mon cahier et j’essayais d’apprendre tout seul. » (Le nouvel Observateur N° 1795 du 1 au 7 avril 1999, « paroles de petits frères »)

 

Les parents :

Iliès : « Ma mère a arrêté l’école à 13 ans. Mon père, il  sait pas à quel âge, parce qu’il ne connaît pas sa date de naissance. Mais ils regrettent énormément. Et encore, ils travaillent. Ma mère, comme elle dit , elle a trouvé le ménage. Elle m’a dit que quand je serais grand, il faudra le BAC pour faire le ménage. » (Le nouvel Observateur N° 1795 du 1 au 7 avril 1999, « paroles de petits frères »)

Stéphanie :  « Avant d’être au foyer, je séchais le collège tous les lundis après-midi, j’aimais pas la matière qu’on avait.  Ma mère elle signait les mots. Qu’est ce qu’on pouvait dire ? Elle sait même pas ce que c’est un rapport ou une heure de colle. Quand je lui dis : j’ai eu 15/20, elle me demande si c’est bien. Si je ramène un 2/20, elle me demande aussi si c’est bien… » (Le nouvel Observateur N° 1795 du 1 au 7 avril 1999, « paroles de petits frères »)

 

Les grands, le respect et rendre service

Iliès : « Les jeunes dans les cités, ils respectent beaucoup, beaucoup les grands. C’est comme s’ils étaient nos grands frères. Parce qu’on a vécu avec eux depuis qu’on est petit. Et aussi parce qu’ils nous rendent des services : ils dépannent les familles dans la misère, ils descendent quand on se fait frapper par une autre cité. Mais dans la cité, quand il y a de l’argent, il y a pas de respect. » (Le nouvel Observateur N° 1795 du 1 au 7 avril 1999, « paroles de petits frères »)

Mous : « Nous, on arnaque ceux qu’on connaît. C’est pareil avec les grands qui cherchent à nous arnaquer même s’ils nous connaissent bien. Sauf si on a un grand frère. C’est rare de refuser de rendre un service à un grand, même si on pense qu’il va nous arnaquer. Parce qu’un jour ou l’autre tu auras besoin de lui et il va te dire : - Rentre chez toi, t’as pas voulu m’aider l’autre fois. » (Le nouvel Observateur N° 1795 du 1 au 7 avril 1999, « paroles de petits frères »)

 

Les mauvais coups :

Stéphane : « J’allais me promener du côté du stade de France. J’ai aperçu un type avec son portable. J’ai essayé de le lui faucher sans y arriver. D’autres jeunes sont venus m’aider et lui ont projeté de la poudre aux yeux. » (Magazine proposé par la 5 intitulé au bord du gouffre : Papa, maman, le juge et moi.)

Valérie : « Moi, je ne voulais pas faire ça (vol, dégradation, incendie) parce que j’avais peur mais mes copines m’ont dit que j’étais une tapette alors je l’ai fait… » (Magazine proposé par la 5 intitulé au bord du gouffre : Papa, maman, le juge et moi.)

 

Paroles de parent

Mère de Valérie : « J’étais déçue pour ma fille. Ah oui ! parce que je ne pensais pas que… Elle ne manque de rien ma fille, absolument rien… c’est peut-être pour ça qu’elle fait comme ça ! je sais pas…je ne la vois pas faire ça. Elle a peur du feu. Des fois quand je brûle du beurre, je fais des flammes, elle a peur, elle crie :eh maman le feu !… alors, elle met le feu dans la voiture ! non, non il y a quelque chose… » (Magazine proposé par la 5 intitulé au bord du gouffre : Papa, maman, le juge et moi.)

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L’adolescence est une période de crise, de bouleversements, de mutations, pour les adolescents eux-mêmes, en pleine transformation, qui vivent ce moment dans le doute et la perplexité, qui n’arrivent d’ailleurs pas à s’exprimer comme tels, mais aussi pour leur entourage (notamment familial), lui-même en proie à ses propres interrogations.

Comprendre cette période de la vie, c’est s’intéresser au sujet adolescent, de ses structures psychiques pré organisées dans l’enfance lesquelles peuvent expliquer certaines prédispositions dans l’engagement à la consommation de drogues.  

  1. Description des structures psychiques.

Les structures psychiques pré-organisées dans l’enfance sont caractérisées par l’existence de diverses instances élaborées par Freud S. lors de sa deuxième topique : ça, moi et surmoi.

Le « ça » constitue l’instance la plus ancienne, la plus importante et la plus inaccessible des trois instances de l’appareil psychique. Le « moi » constitue le siège de la conscience et aussi le lieu de manifestations inconscientes. Le « surmoi » est l’instance de notre personnalité dont le rôle est de juger le « moi ».

 

Pour S. Freud, le « ça » est inconnu et inconscient. Il constitue le réservoir premier de l’énergie psychique où s’affronte pulsion de vie et de mort. Il est l’expression psychique des pulsions dont les contenus inconscients sont d’origines différentes ; pour partie il s’agit de tendances héréditaires, de déterminations innées, d’exigences somatiques et, pour partie de faits acquis de ce qui provient du refoulement. Lieu où règne le principe de plaisir, le « ça » serait donc autre chose que nous en nous, neutre et impersonnel, procédant en nous en notre insu, nous agit, nous pense.

Le « surmoi », constitue l’instance judiciaire de notre psychisme. Selon la théorie freudienne, le surmoi apparaît d’abord sous la forme de la censure. C’est une instance qui juge et punit par des reproches pénibles. C’est la conscience morale.

Le « moi » est décrit par S. Freud comme une partie du « ça » qui se serait différenciée sous l’influence du monde extérieur. En effet, le monde extérieur impose au petit enfant des interdits qui provoquent le refoulement et la transformation des pulsions pour la recherche d’une satisfaction substitutive qui provoquera, à son tour, un sentiment de déplaisir dans le « moi ». Le principe de réalité relaye alors le principe de plaisir. En fait, il est à la fois une instance mouvante en perpétuelle ré élaboration, mais aussi passif puisque agitée par des forces impossibles à maîtriser, se faisant la dupe du « ça ». 

 

Le « moi » dispose de multiples fonctions :

-     Il est capable d’opérer un refoulement ;

-     Il est le siège des résistances ;

-     Il gère le rapport principe de plaisir/principe de réalité ;

-     Il participe à la censure, aidé en cela par le « surmoi » ;

-     Il est capable de construire des moyens de protection ;

-   Véritable lieu de passage de la libido, il peut gérer les investissements d’objets jusqu’à l’idéalisation, et les désinvestissements d’objets avec retour dans le « moi »de la libido, appelé alors libido narcissique ;

-   Toute sublimation se produit par l’intermédiaire du « moi », qui transforme la libido d’objet sexuel en libido narcissique ;

-     Il est le siège des identifications imaginaires.

 

Ces trois instances du psychisme vont contribuer dans la construction de la personnalité du sujet, dès son enfance.

  1. Rôle des structures psychiques dans l’enfance : le développement du « moi ».

En psychanalyse, le « moi » est ce qui dans l’individu adapte l’organisme à la réalité ; qui contrôle les pulsions condamnées par le « surmoi ».

Pour S. Freud, le « moi » se construit sur un mode conflictuel. Il est le lieu de conjonction où s’oppose l’ensemble des contraintes : autorité du père, réalité sociale…(surmoi) et les pulsions profondes (ça), généralement inconscientes, qui sont à la fois les formes archaïques de la pensée et l’expression du désir d’être. Pour construire sa personne, le sujet doit donc composer.

Selon A. Freud, l’équilibre puissance du « moi » et pulsions du « ça » est la condition d’un développement harmonieux. Quand le sujet rencontre des difficultés, le « moi » a recours à des mécanismes de défense. Lorsque l’enfant ne peut changer la réalité externe, il interpose entre le « moi » et la réalité un système de filtres : négation, refoulement, projection… qui le rendent supportable.

Le point de vue psychanalytique envisage par ailleurs l’organisation de l’appareil psychique selon quatre stades : Narcissisme et auto-érotisme primaire, stade orale, stade sadique-anal, stade phallique ou génital et une période de latence pendant laquelle l’enfant sous l’effet des facteurs culturels, édifie des barrages contre ses tendances libidinales et manifeste, surtout, des intérêts intellectuels et sociaux du fait de la scolarisation.

Pendant la phase de latence (jusqu’à la puberté), au cours de laquelle la pulsion sexuelle semble apaisée ; l’appareil psychique s’organise par :

  • La constitution du « moi » ;
  • Le système inconscient s’organise par son refoulement ;
  • Le « moi » exerce ses fonctions de défense et d’adaptation à la réalité ;
  • La pensée sociale, logique et morale se construit progressivement.

 

 Dans la conception génétique du développement, le « moi » c’est ce qui constitue l’individualité, la personnalité d’un être humain. C’est la conscience de l’unité personnelle qui s’édifie avec la croissance.

A la fin du premier trimestre de sa vie, le nouveau-né va établir une première distinction entre le « moi » et le « non moi ». Pour cela, il utilise ses mains pour explorer le monde extérieur et aussi son propre corps, qu’il commence à découvrir. Vers la deuxième année, il se sourit devant un miroir sans réaliser qu’il s’agit de lui. Un an plus tard, il commence à se servir du pronom je  ou moi et à s’opposer à autrui pour le seul plaisir d’affirmer sa personnalité. Par la suite, le « moi » continue de s’élaborer, sous la double influence de la maturation et des conditions socioculturelles et affectives.

Henri Wallon a décrit cinq stades de développement de l’enfant à l’issue desquels se produit une « crise de la personnalité ». C’est le stade du personnalisme, marqué par un mouvement d’alternance, un retour de l’enfance sur lui-même, par un nouvel effort de libération. Effort volontariste, négativiste, âge du « non », du « moi », du « mien ». Cette période qui s’étend de trois à six ans se caractérise par trois moments : d’abord, par une prise de conscience de sa propre personne, par l’émergence d’un besoin de s’affirmer, d’imposer son point de vue personnel, parfois avec une intempérance systématique ; ensuite par une affirmation séductrice de sa personnalité, c’est à dire qu’il devient attentif à ses attitudes et à son comportement; enfin par un besoin d’imitation pour se substituer à autrui, pour se donner le spectacle de son « moi » enrichi par autrui. Ainsi, l’imitation a le caractère d’une rivalité avec l’adulte que l’enfant voudrait évincer. C’est l’étape où l’enfant veut s’émanciper  d’une situation de soumission aux adultes et de son monde enfantin. Le développement de la personnalité (du moi) tend alors à instaurer un lien nouveau avec le monde extérieur et par conséquent, à briser les cadres du passé lesquels s’étant fixés, jouent encore comme des contre-forces, des résistances en risquant de paralyser l’évolution du « moi ».

 

  1. De l’état de dépendance infantile à l’état d’autonomie affective et sociale : la crise d’adolescence.

L’adolescence est en apparence une transformation corporelle sous l’effet de facteurs endocriniens et de sécrétions hormonales mais qui s’accompagne de divers effets psychologiques. C’est dire qu’à cette période du développement, l’enfant doit abandonner le mode de rapport qu’il avait jusqu’ici avec ses parents, et en construire un autre dans lequel l’autonomie et l’identité des partenaires sont pleinement reconnues. Par conséquent, des perturbations et inadaptations vont émerger du fait d’un conflit entre le « ça » relativement fort et un « moi » relativement faible. C’est aussi à cette période qu’émerge dans l’affectivité de l’adolescent son instinct sexuel. Il se produit à un moment où la vie psychologique est déjà très évoluée et a subi profondément l’influence de l’éducation.  La tendance sexuelle apparaît alors avec les caractères fondamentaux d’un instinct, c’est à dire comme une pulsion primitive, à la fois inconsciente et orientée. C’est aussi la période où apparaissent des perturbations spécifiques du processus de développement, c’est à dire que l’adolescent a une perception déformée de son propre corps : Ce qui est pathologique s’exprime à travers un sentiment de honte ou de haine vis à vis de son corps sexué. Les transformations du corps vont être source d’émois. Elles vont générer des doutes, des inquiétudes, de la perplexité, des angoisses, peut être même un vécu de dépersonnalisation, ainsi qu’un vécu d’étrangeté accompagné d’un état de malaise. L’adolescent va alors tenter de projeter ce bouleversement intérieur sur un monde extérieur qui lui paraît devenir étrange, bizarre, inquiétant.

  1. Conséquences dans les modes d’engagement dans la consommation de drogues.

Naturellement, tous les comportements typiques de l’adolescent, toutes les attitudes bruyantes, visent à la reconstruction de soi, à la restauration d’une intégrité psychique, en tentant de donner un sens à une anxiété sans forme et destabilisante. L’adolescent se retrouve projeter entre deux mondes, entre celui du passé violemment mis en question, et le monde à venir encore inconsistant pour lui. Il flotte dans le tourment intérieur, dans le désarroi et dans le besoin de se raccrocher à quelque chose. Le « moi » de l’adolescent est en lutte permanent contre un  « surmoi » étouffant, accablant et pesant. C’est une lutte nécessaire qui devra permettre au « moi » de se constituer. Le « surmoi » se caractérise alors par les comportements de dévalorisation, de dressage autoritaire, par une soumission passive obtenue par contrainte, par chantage ou moquerie… et ont pour effet de briser le « moi ».

Cela dit qu’à cet âge, un choc affectif persistant peut entraîner de conséquence non négligeable dans l’engagement de l’adolescent dans la consommation de drogues. Car c’est effectivement à cette période de la vie que l’adolescent se révolte contre toute forme d’autorité. C’est une période de désidéalisation parentale. Il remet en cause les valeurs « dépassées » des parents, alors qu’il n’a pas encore ni affronté la vie, ni même commencé à entrevoir la réalité. La famille est considérée comme quelque chose de sclérosé, de figé. Il donne à ses idéaux une sorte de pouvoir d’engagement, et il est persuadé que leur entrée dans l’univers va se faire facilement, et que l’idéal va se couler dans le réel sans histoire. Vis à vis de la société, il la voit comme un lieu de corruption, de violence et d’étouffement et se pose en personnage anti-social. De cette attitude relève la recherche de l’originalité à tout prix, du scandale et de l’étonnement des bourgeois. L’anti bourgeois est typiquement le jeune révolté qui a, comme valeur, le mépris des valeurs.

L’on voit combien l’adolescence se caractérise par une période propice et féconde pour l’apparition ou la résurgence de problèmes psychologiques, la confirmation des traits symptomatiques ou de comportements pathologiques.

C’est la période où se manifestent des pathologies spécifiques notamment les conduites addictives. Cela reflète une certaine faillite psychologique de l’adolescent à faire face de façon nuancée aux modifications de son monde interne psychologique.

 

5. Modes d’intervention.        

 

 En dehors de l’urgence où le traitement par les médicaments est de mise, il existe aussi différents modes d’interventions tant individuels que groupaux.

Dans le premier cas, c’est dans le cadre de la relation duelle et de la rencontre avec l’adolescent toxicomane que l’on travaille les conflits à l’origine de la déstructuration de l’appareil psychique du patient. Il s’agit de la cure analytique et de la psychothérapie d’inspiration psychanalytique.

Dans le second cas, divers types de modes de prise en charge sont possibles comme les thérapies familiales et les thérapies de groupe.

 

  1. Les modes d’intervention spécifiques.

 

  1. La cure analytique : Il s’agit de promouvoir le développement d’une névrose de transfert permettant l’analyse de la névrose infantile. Elle fonctionne sur le travail de l’interprétation. Elle analyse le transfert et la résistance en remontant jusqu’aux racines génétiques et dynamiques. Elle doit cependant être réservée à un petit nombre d’adolescents pour lesquels l’aide apportée doit chercher à renverser le processus pathologique mis en place.
  2. La psychothérapie d’inspiration psychanalytique : Elle peut se définir comme un système de communication s’établissant dans une relation interpersonnelle grâce à un certain type de travail.  Celui-ci consiste à analyser cette relation et porte sur le fonctionnement mental, c’est à dire l’ensemble des attitudes internes du sujet. Elle utilise la suggestion, l’abréaction, la clarification et l’interprétation.

Elle a des buts précis :

¨atténuer ou faire disparaître un ou plusieurs symptômes, changer certains secteurs de la personnalité (tendance agressive, dépendance à l’entourage, passivité etc.) et de la vie du sujet,

¨permettre au minimum à l’adolescent de coexister avec ses troubles, son angoisse et ses autres affects,

¨diminuer l’influence que ceux-ci peuvent exercer sur sa vie personnelle,

¨répondre plus directement au désir de guérir.

 

  1. Les modes d’interventions collectives.

 

  1. Les thérapies familiales : Elles ont connu leurs premiers succès dans l’approche du psychotique, car c’est grâce aux premières tentatives pour traiter la psychose que les thérapeutes constatèrent combien la structure familiale est impliquée dans la genèse des troubles du patient.

Il s’agit d’intervenir dans la famille dont l’un des membres, généralement un adolescent, présente une toxicomanie.

Dans ce courant, il existe de multiples formes d’interventions. L’approche intergénérationnelle systémique fait référence à l’équilibre des dettes déléguées et transmises de génération en génération.

En quelque sorte, le toxicomane devrait faire payer quelque chose (dette de haine) à des parents qui ne peuvent refuser ce qu’il demande, d’autant qu’ils peuvent eux-mêmes vivre comme débiteurs. Ainsi le conflit manifeste entre parent et enfant peut-être construit inversement comme une manifestation de loyauté. Le toxicomane se sacrifie pour permettre à ses parents d’acquitter une dette dont ils n’ont pu se libérer vis-à-vis de leurs propres parents.

Il est aussi important de repérer l’importance du thème de la mort dans ces familles où le « jeu » avec la drogue semblerait être la métaphore de cette mort. Inconsciemment et paradoxalement, la séparation avec l’enfant serait davantage crainte que sa mort.

 

  1. Les psychothérapies de groupe : Il existerait un lien privilégié entre groupe et adolescence, d’où la nécessité à cet âge de pouvoir s’appuyer sur un espace médiateur identificatoire utilisé de façon transversale et non plus transgénérationnelle.

Le moteur essentiel de l’action d’une psychothérapie de groupe est représenté par sa fonction cathartique.

Le groupe fonctionne le plus souvent dans un lieu thérapeutique. Il est destiné à comprendre et améliorer les relations et les interactions entre l’individu,  les autres patients, l’institution et son personnel. Il est utilisé comme un relais de la thérapie institutionnelle, une préparation ou un accompagnement à la psychothérapie individuelle.

 

    CONCLUSION

Nous portant bien évidemment notre réflexion sur une période de la vie qui constitue un passage entre l’enfance et l’âge adulte : L’adolescence est l’âge du changement. En latin adolescere signifie « grandir ». En réalité, il n’est plus un enfant, et n’est pas encore un adulte. Ce double mouvement, reniement de son enfance d’un côté, recherche d’un statut stable adulte de l’autre, constitue l’essence même de « la crise », du « processus psychique » que tout adolescent traverse.

C’est à cette période que se font les premières expériences de la vie en rupture avec les modèles parentaux. Le plus souvent l’adolescent cherche à s’émanciper de la dépendance de ses parents.

La première prise de drogue revêt un caractère occasionnel chez la plupart des adolescents.  C’est au travers d’expériences isolées ou sporadiques que de nombreux adolescents goûtent à certains psychotropes, par curiosité, pour braver les interdits ou pour tester différentes images d’eux-mêmes auprès de leurs camarades. Cependant, ces expériences ne constituent pas toujours une marginalisation. Toutefois, même si leur caractère « récréatif » est complaisamment mis en avant, force est de constater que nombre des conduites toxicomaniaques traduisent, plus souvent qu’on ne le pense, un « malaise existentiel ». La prise de drogue aurait une signification, celle de protéger le Moi trop fragile ou dont l’intégrité est menacée.

 

Jean-Paul HELLOA

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

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Lehalle Henri, 1995. Psychologie des adolescents. PUF

 

Maisondieu J, Métayer L, 1994. Les thérapies familiales. Que sais-je ? N°2286. PUF.

 

Marcelli D, Braconnier A, 1999. Adolescence et psychopathologie. MASSON.

 

Maurice D, 1997. L’adolescence. Que sais-je ? N° 102. PUF.

 

Pommereau X, 1997. Quand l’adolescent va mal. Editions J-C Lattès.