L’échec scolaire néo-calédonien, une épine en matière économique du pays.

29/10/2014 13:13

L'article que je publie a été rédigé en mars 2001 comme une contribution au bulletin N°4 d'information de l'Alliance Scolaire en Nouvelle-Calédonie.

Les problèmes de santé publique génèrent chaque année des dépenses considérables supportées par la société en terme de prise en charge médicale, psychologique, et pédagogique. Il en est de même pour l'échec scolaire toutes origines confondues.

En Nouvelle-Calédonie, les priorités provinciales en terme de développement s'orientent généralement vers le secteur de l'économie : construction d'infrastructures routière, touristique et d'usines métallurgiques. Des investissements en faveur de l'enseignement ont permis de rénover les infrastructures existantes et d'en construire d'autres. On voit depuis une dizaine d'années sortir de terre des nouvelles classes et des internats dans les trois provinces. Cela répond à un réel besoin en structure de formation  lié à une forte augmentation
de la population scolaire. La formation des hommes et des femmes du pays est devenue le thème de campagne des partis politiques. Ce qui démontre qu'il existe une réelle prise de conscience du citoyen calédonien sur la place que doit occuper la formation dans le développement du pays. Encore faut-il que le
chapitre « formation » soit rentable économiquement. Mais le taux d'échec scolaire, nous donne chaque année une réalité sidérante.

Ce taux reste encore très supérieur à celui de la métropole. Il l'est encore davantage lorsqu'on prend en considération la population d'enfants scolarisés dans des structures spécialisées telles que les
SEGPA, les CLIS et les UPI.

Certains indicateurs nous renseignent sur le taux d'échec lorsque nous analysons l'évolution du taux de réussite scolaire sur une période de dix années. Une étude[1] comparative des taux de réussite en 1989, 1994, et 2000 aux examens du BAC, CAP, BEP, et BTS fait apparaître une augmentation évidente de l'échec scolaire
dans les filières à forte contenu technologique (BTS) et à ceux permettant l'accès aux études supérieures (BAC général).

En 1989, le taux d'échec au BTS se situait à 37, 5% (88 présentés) puis passait à 42, 4% (144 présentés) en 1994 pour augmenter en flèche en 1999 à 59,1% (220 présentés) et en 2000 à 49,8% (217 présentés).

La filière BAC général ne se porte pas mieux puisque le taux d'échec passe en 1989 de 34,3% (505 présentés) à 44, 2% en 2000 (426 présentés) soit une augmentation du taux d'échec de 9,9 points en une dizaine
d'années.

La filière BAC Technologie est la seule à connaître un taux d'échec en constante régression puisqu'il passe de 43, 4% en 1989 (269 présentés) à 30,1% en 2000 (588 présentés) soit une diminution de 13,3 points
en une dizaine d'années.

Le taux d'échec pratiquement faible dans les autres filières reste stable depuis ces dix dernières années. Normale, lorsqu'on s'aperçoit qu'elles préparent à des diplômes[2] avec lesquels il devient difficile de trouver un emploi.

L'école en Nouvelle-Calédonie remplie t-elle effectivement sa mission ?. C'est-à-dire celle de produire les compétences nécessaires à l'élève pour rentrer dans la vie active et être un citoyen à part entière ?

Dans l'éditorial du bulletin « passerelles n°23 », le vice-recteur écrit « ...le système éducatif néo-calédonien dans son ensemble, du primaire au supérieur, peut et doit mieux faire. Pour un trop grand nombre d'élèves, l'échec scolaire atteint un niveau inacceptable... ».

Si la santé d'un système scolaire se mesure à travers le taux d'élèves mis à l'écart, celle de la Nouvelle-Calédonie demeure donc encore très fragile tout en se présentant comme une douloureuse épine dans l'économie du pays.

HELLOA Jean-Paul.

Mars 2001.





[1] D'après les chiffres clés
publiés dans PASSERELLES n°23 du Vice-Rectorat. Voir aussi le site :
www.ac-noumea.nc



[2] BAC PRO, CAP, BEP.