Covid-19 : point de vigilance à l’école. Cas des écoles situées en milieu rurale et en tribu de Kanaky-Nouvelle-Calédonie.

04/05/2020 10:32

L’école va de nouveau accueillir les enfants qui ont probablement vécu des moments de stress psychologique à la maison en lien avec les représentations partagées par les adultes concernant le covid-19.

Remarquons toutefois que nos écoles accueillent les enfants des tribus où le milieu de vie offre moins de stress par rapport à celui de la ville où le confinement dans un espace restreint en appartement est source d’ennui, de frustration et de sentiment d’isolement.

 

Quel que soit le contexte, une forme de psychose s’est construite autour du covid-19 véhiculée par le biais des représentations que se sont construites les adultes et transmises sous un format inconscient aux enfants à travers le stress vécu quotidiennement.

  • la peur de l’infection, l’inquiétude et par-dessous tout, la peur de la mort ;
  • la peur, pour les parents ayant de jeunes enfants, d’être infectées ou de transmettre le virus ;
  • l’ennui, la frustration et le sentiment d’isolement causés par le confinement et par la réduction des contacts physiques et sociaux ;

 

Une autre réalité à prendre en considération, c’est que le stress ne s’arrête pas après la fin du confinement. D’autres facteurs de stress vont continuer à faire leur œuvre une fois la situation revenue à la « normale » :

  • les conséquences économiques de la perte de revenus à l’origine d’une détresse socio-économique, qui sont cause de colère et d’anxiété pendant les mois qui suivent le confinement ;
  • la détresse socio-économique globale ;
  • la précarisation encore plus importante des personnes les plus fragiles au niveau économique et travaillant dans les métiers ne pouvant s’effectuer par télétravail ;
  • la stigmatisation à l’égard des personnes, notamment des enfants représentant un danger de propagation ou arrivant d’une région exposée au covid-19 comme Nouméa.

 

Les recommandations préconisées : 

 

1)- pour permettre aux enseignants d’identifier le stress des enfants:

- Pleurs ou irritations excessifs chez les jeunes enfants ;

- Revenant à des comportements qu'ils ont dépassés (régression) ;

- Inquiétude ou tristesse excessive ;

- Irritabilité et comportements de «passage à l'acte» chez les adolescents ;

- Mauvais résultats scolaires ou évitant l'école (décrochage) ;

- Difficulté d'attention et de concentration ;

- Évitement d'activités appréciées dans le passé ;

-Consommation d'alcool, de tabac ou de cannabis.

 

2)- des conseils aux enseignants au cas où …

- Prenez du temps pour parler de l’épidémie de Covid-19 avec vos élèves ;

- Répondez à leurs questions de manière factuelle et compréhensible ;

- Rassurez-les sur le fait qu’ils sont en sécurité à l’école et à la maison;

 

Point de vigilance : éviter la stigmatisation sociale. 

 

La peur et l'anxiété d'une maladie peuvent entraîner une stigmatisation sociale envers les personnes, les lieux ou les choses. Par exemple, la stigmatisation et la discrimination peuvent survenir lorsque des personnes associent une maladie, telle que COVID-19, à une population ou une nationalité, même si tous les membres de cette population ou de cette région ne sont pas spécifiquement à risque de contracter la maladie. La stigmatisation peut également survenir après qu'une personne a été libérée de la quatorzaine COVID-19, même si elle n'est pas considérée comme un risque de propagation du virus à d'autres.

 

La stigmatisation blesse tout le monde en créant de la peur ou de la colère envers les autres.

Les enfants stigmatisés peuvent être soumis à:

  • Évitement social ou rejet
  • Refus de soins de santé et d'éducation,
  • Violence physique.

Les enseignants doivent donc être vigilants et réactifs pour mettre fin à la stigmatisation lorsqu’elle est repérée au sein de l’école.

Kanaky-NC le 04/05/2020

Jean-Paul HELLOA

Psychologue en milieu scolaire.